Ce document de travail fait le bilan des connaissances sur l’évolution de l’emploi, des salaires et de l’indemnisation du chômage des intermittents du spectacle de 1980 à 2003.
En reprenant les données statistiques publiées par différentes sources de la manière la plus exhaustive possible, et en les confrontant entre elles, il apparaît que le diagnostic souvent émis – selon lequel les intermittents connaissent une « croissance déséquilibrée » c’est-à-dire une précarisation qui se traduit d’une part par une baisse des volumes d’emploi et de salaires directs et, d’autre part, par un recours toujours accru à l’indemnisation chômage – s’appuie sur une interprétation contestable des données disponibles.
En réalité, la proportion des intermittents qui parviennent à un volume d’emploi suffisant pour être indemnisés par l’Unedic n’a cessé de croître jusqu’en 2003.
Ce simple constat indique clairement que loin d’assister à une paupérisation et à une précarisation des intermittents, on peut identifier une tendance inverse, celle d’une stabilisation et d’un essor de l’emploi moyen des intermittents.
En ce sens, la « croissance déséquilibrée » constitue pour l’essentiel un artefact statistique fondé sur des données qui ne peuvent prétendre être représentatives de l’ensemble de la population des intermittents.
Les conséquences d’un tel constat sont importantes : loin d’être « explosive » et de s’expliquer par l’agrégation de comportements individuels d’optimisation opportuniste, l’évolution relative des cotisations perçues et des allocations servies par l’Unedic trouve son origine dans un taux de couverture croissant, c’est-à-dire dans la proportion plus grande des « cotisants » allocataires ou, pour le prendre dans l’autre sens, dans la diminution de la proportion des « précaires » qui cotisent sans pouvoir bénéficier d’aucune allocation.