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France 2 irradie de béatitude

dimanche 27 mars 2011

« Nous ne sommes pas là pour faire peur », prévient Laurence Ferrari dans son 20 heures. Une mise en garde bienvenue sur TF1, dont l’actionnaire, Bouygues, a obtenu les marchés de construction du sarcophage de Tchernobyl et du réacteur EPR de Flamanville.

Cependant, en ces heures d’« alerte nucléaire », le citoyen soucieux de ses devoirs et de sa santé se doit d’être fidèle au service public. Radio France et France Télévisions ne sont-elles pas chargées d’informer les populations en cas d’accident dans l’une de nos centrales ? Sur France 2, le 20 heures s’est parfaitement conformé à son rôle de relais des communiqués officiels.

En plateau ne furent invités que des représentants des autorités compétentes. Dans l’ordre, Nathalie Kosciusko-Morizet (ministre de la Protection de l’environnement nucléaire), Claude Allègre (ancien ministre de la Recherche nucléaire), Anne Lauvergeon (pdg d’Areva, numéro un mondial du nucléaire), André-Claude Lacoste (président de l’Autorité de sûreté nucléaire), Jean-Marc Jancovici (représentant de l’immense masse des écologistes pro-nucléaire), Thierry Charles (de l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire), François Fillon (Premier ministre).

Dans un louable souci de contenir « l’émotion » des populations, pas un de ces irresponsables écologistes catastrophistes ne fut convié en studio. En revanche, dès le lundi 14 mars, David Pujadas prend de la hauteur avec un grand débat : « Est-ce vraiment le moment de rouvrir un débat sur le nucléaire maintenant ? » Pour respecter la dignité des Japonais, ne faudrait-il pas l’organiser au mois d’août 2012, pendant la finale du 100 mètres des jeux Olympiques ?

En attendant, les Tokyoïtes, incroyablement zen, ne cherchent pas à quitter leur ville, affirme France 2, au moment même où, sur i>Télé, un reporter constate l’afflux des Japonais dans les gares.

Le surlendemain, la rédaction de France 2 a soigneusement recoupé les informations. « Fait nouveau, de plus en plus de familles quittent la capitale », regrette David Pujadas.

Et l’indécente polémique ne faiblit pas. « La question du nucléaire est maintenant dans le débat public », admet le présentateur. Pour les défenseurs de cette énergie, son indiscutable avantage est d’assurer notre « indépendance énergétique ». David Pujadas approuve l’argument des deux sourcils, avant de refermer son journal en offrant « une pensée aux otages français détenus à l’étranger », parmi lesquels figurent des employés de la mine d’uranium d’Areva au Niger, un pays ami qui contribue gracieusement à notre indépendance énergétique.

Enfin, tout est bien qui finit bien. Jeudi 17 mars, David Pujadas ne se contente pas d’ouvrir son JT avec l’habituelle promesse de « nouvelles images inédites » visibles sur toutes les chaînes.

Il annonce une « lueur d’espoir », « des raisons d’espérer » : la résolution de la crise est « tout à fait sur la bonne voie ». Une dernière vérification auprès du Premier ministre : « Est-ce qu’on peut dire qu’on est passé à côté de la catastrophe ? » Ouf ! L’alerte nucléaire est levée !

Anne Lauvergeon avait raison : il n’y avait pas lieu de comparer l’accident japonais avec la catastrophe de Tchernobyl. En revanche, France 2 rivalise aisément avec les médias de l’Union soviétique.

Retrouvez le blog de Samuel Gontier sur telerama.fr


Voir en ligne : http://television.telerama.fr/telev...

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