C’est l’histoire d’un homme, Dan Ellsberg, qui fait passer sa conscience avant l’amour de son pays. L’histoire d’un journal, le New York Times, qui brave la censure et la colère d’un président (Richard Nixon) en révélant des mensonges d’Etat. C’est l’histoire vraie des « Pentagon papers ». Si le Watergate reste le symbole absolu du combat pour la vérité aux Etats-Unis, la publication, en 1971, de ces dossiers top secret sur les motivations réelles de la présence américaine au Vietnam rassemble tous les ingrédients du thriller : l’employé modèle ébranlé dans ses convictions par la lecture des rapports militaires (et la rencontre d’une femme), qui se met à photocopier, de nuit, les sept mille pages du rapport, avant de les envoyer au New York Times ; la « tempête dans le crâne » du patriote rendant publics les mensonges éhontés de tous les locataires de la Maison-Blanche, de Eisenhower à Nixon. Et la solitude du « traître », ce héros, traîné dans la boue par l’Etat.
Un scénario de rêve, pour un documentaire qui nous tient en haleine de bout en bout. Exceptionnel, le récit d’un Ellsberg bouffé par l’émotion se souvenant du jour où, dans sa tête, tout a basculé. Fabuleuses, les archives sonores de Nixon promettant de « coincer cet enfoiré », d’« écraser ces putains de journalistes », de mettre une branlée à « ce pays de merde » (le Vietnam) ! L’« enfoiré » tiendra bon, tout comme le New York Times, bientôt épaulé par les autres journaux américains dans une magnifique défense collective du Premier amendement de la Constitution. « N’iriez-vous pas en prison pour faire cesser cette guerre ? » rétorque Ellsberg à un journaliste qui lui rappelle les risques qu’il a pris. Une leçon de résistance, une leçon de journalisme, une leçon de démocratie : ne ratez pas L’Homme qui a fait tomber Nixon.
Olivier Pascal-Moussellard télérama